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contrepoint crayon sur papier, 56 x 152 cm
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Alain Lestié
par Lucien Massaert
« [… L'art
représente toujours et figure toujours, (le
tableau lui-même est une figure, un espace
dessiné); paré des inconvenants
qualificatifs " abstrait" ou
"non-figuratif", il ne fait que délaisser
l'imitation, effet parmi tant d'autres de la
représentation.
L'artiste transforme chaque chose en son
spectre, comme suppléance du réel, et comme
toutes les suppléances, cette représentation
nomme l'absence de ce qu'elle remplace, par
une formation substitutive.
La représentation referme son champ autour
de son acte: la recomposition d'un
espace-temps résistant aux autres types de
production, dans la spécificité d'une force
de son immobilisme. Phase par phase, le jeu
d'apparences qui modifie la perception vient
ajouter les sens de la modification.
L'analyse visuelle de ces sens cachés du
sens fournit les modèles d'émancipation
d'une méthodologie du regard. […] »
Alain Lestié, “Le silence du tableau”
(communication prononcée au mois d'avril
2000 à l'Académie Nationale des Sciences,
Belles-Lettres et Arts de Bordeaux)
« […] Projet particulier adapté à la feuille et
au noir et blanc, contrecoup d'un monde bigarré,
le papier tient en lui-même les propriétés
inhérentes à l'image, à sa matérialité, entre
fragilité et intimité, entre information et
méditation, entre effacement et endurance,
espace de sa complétude et de sa disparition. La
monochromie oblige une instance supplémentaire
dans l'échelle de l'imaginaire, quand privé des
artifices picturaux, le simulacre n'illusionne
plus mais atteste de l'illusion à la manière
d'un écho. Rien ne se récolte des procédés
techniques, ni de l'immanence de matières : la
notion de métaphore avalise le simulacre,
l'illusion, et relance encore l'apostrophe de
son rôle. D'un référent-peinture perdu, les
œuvres en retrouvent d'autres, et s'avancent en
illustration d'un tableau imaginaire,
dématérialisé (sans matière picturale), comme
une sorte de photographie ou de reproduction,
image d'image.
D'où ce qui a pu être sur papier ne peut plus
être peint, situant exactement la place du
dessin : ni avant (préparatoire), ni autour
(études), ni derrière (variantes) les peintures,
il s'inscrit ensuite, tableau après les
tableaux. L'image sur papier se figure elle-même
et rend compte d'un état autre d'une même
réflexion, d'une même situation, face à la même
histoire. […] »
Alain Lestié, “Période noire”,
Présentation de l'exposition à la
Galerie-Librairie Ombres Blanches, Toulouse.
Jean-Didier Vincent - Patrick Lacoste, Alain
Lestié, séquence en noirs, œuvre sur papier,
préface de Françoise Garcia, éd. Mollat,
Bordeaux, 71 pages; (22 x 27 cm)
Cet ouvrage, composé de textes écrits par
deux compagnons de route d'Alain Lestié :
Jean-Didier Vincent, neurobiologiste et
Patrick Lacoste, psychanalyste, et d'une
préface de Françoise Garcia, conservateur en
chef, est édité à l'occasion de l'exposition
Alain Lestié - Séquence en noirs -
organisée par le musée des Beaux-Arts de
Bordeaux.
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