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-Énoncer
une
mystérieuse figure
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![]() alain lestié
instants 56 x 152 cm crayon sur papier
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Comme
si, une fois encore écrire et dessiner identiques en
leur
fond, trois cases, trois parties, trois compartiments,
trois abris,
trois chambres, trois vides, trois instants d'un même
dessin
choisi parmi les « travaux récents » d'Alain
Lestié.
La substance d'un tableau excède le récit, et aussi les séductions de la matérialité de son exécution, elle tient dans la mise en relation de ses composantes, motifs, couleurs, matières, compositions. Toute une cascade de choix d'auteur, dont la conscience peut complètement lui échapper, mais assurément pas la responsabilité écrit Alain Lestié dans l'un de ses textes . Responsabilité d'emblée remarquée, par Jean-Pierre Moussaron, Jean-Marie Pontévia, Michel Deguy, entre autres. Le dessin aussi relève d'une haute responsabilité, celle de la durée, envisagée selon Bergson comme une évolution créatrice, perpétuelle de possibilité et non pas seulement de réalité. Ainsi l'irréductible ressemblance de cette forêt avec une forêt est une affaire de matière et d'immatériel, de choses tangibles : case de gauche, ce qui semble trois fragments de branches, trois bâtons pour tracer sur le sol le contour (templum) des trois corps irreprésentables de nymphes ou de déesses (l'infigurable corps des dieux) et de signes intangibles : case de droite l'inscription des mots affection, sentiments, instants... Dans l'oeuvre figurative d'Alain Lestié, le fond est peut-être la figure, l'écriture est peut-être la forme, le sujet peut-être le sentiment , la véritable case visible peut-être la vide « le signifiant flottant » et le seul tracé possible le gratouillis indistinct en écho au remerciement à la vie : gratiae. Catherine
Pomparat
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