MICHEL DEGUY: "poèmes en pensées"   & ALAIN LESTIE: "motifs pour poèmes"

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crayon sur papier 56 x 36 cm
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- « Au fond de l’inconnu/ pour trouver du nouveau »...Et qui plonge là sinon l’imagination, « la reine des facultés ». Et non pas par un rêve qui détourne, une fantasmagorie de divertissement. C’est l’imagination qui réfère, pour prendre le mot des linguistes. C’est inimaginable, dit le poème, mais c’est comme ça!
- « Mon semblable, mon frère »...Villon ouvre la poésie française, testamentairement, en vocatif aux « frères humains »; Baudelaire la ferme (« le monde va finir » dit la dernière page: promesse de malheur aux générations qui descendront le XXe siècle, dont je ne retente pas ici l’interprétation) en reprenant l’apostrophe fraternelle. Il s’agit, pour l’avenir de de la poésie, de faire de la semblance-frère, si je puis dire. Pas du tout pour s’aimer niaisement, à l’américaine, how nice to meet you, enjoy your stay with us..., mais pour assumer l’horreur d’être né. Peut-on se reconnaître?
« C’est toi! »
-Poème; poème en prose...Un « même » se donne en deux, se scinde en vers et en brève page de prose. Mon amie, ma sœur... Ce « même » n’existe pas à part, mais consiste en deux tons, deux écritures. Dès lors écrire, c’est hésiter; la poésie est hésitation...(ainsi commence un fameux aphorisme de Valéry) entre le poème et la prose du poème. Hésitation-entre devient syntagme capital de la poétique moderne. À sonder. Mais c’est, ici, toute la dualité intrinsèque, la contrariété intime, dont il faudrait reprendre et analyser le motif puissant, notre partage:
c’est Duellum (Fleurs du Mal), l’amour-haine, l’érotique-mysotique (si je forge l’adjectif sur misos, la haine...); c’est l’alliage paléo-néosique (ancien-moderne) de la beauté; c’est la mystique athée des cœurs mis à nu...


Michel Deguy



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